(The Blue Max)
Film de John Guillermin (1966), avec George Peppard, Ursula Andress, James Mason, Karl Michael Vogler, Jeremy Kemp, etc…
Monté dans la foulée des gros budgets de la Fox dans les années 60, The Blue Max est une oeuvre curieuse et atypique à plus d’un titre. De par son sujet d’abord, puisqu’elle nous raconte l’odyssée d’un pilote allemand durant la Première Guerre Mondiale. De par son approche ensuite, puisque le héros est finalement un personnage parfaitement détestable, hautain et prétentieux. Normalement, avec un tel handicap, le film devrait se ramasser or, assez paradoxalement, il tient passablement bien la route, puisqu’il négocie plutôt bien une durée de projection de plus de 2 heures et demie.
Bon, bien évidemment, il ne faut pas y chercher la patte d’un grand metteur en scène. John Guillermin n’est ni David Lean, ni Robert Wise, mais en même temps, pas mal des films de guerre de cette époque étaient réalisés par des yes men, de bons exécutants qui bouclaient le boulot avec professionnalisme et efficacité. Guillermin n’a jamais vraiment fait d’étincelles : on lui doit entre autres de beaux nanars comme la version 1976 de King Kong ou le terrible Alerte à la Bombe, un film-catastrophe plutôt miteux. Néanmoins, il se sort plutôt bien de cette épopée, mise en scène sans génie mais avec un certain panache.
The Blue Max est surtout resté célèbre pour ses scènes aériennes, qui même plus de 50 ans après, demeurent toujours assez impressionnantes. Réalisées par une deuxième équipe sous la supervision d’Anthony Squire et du coordinateur aérien Allen Wheeler, elles sont en fait l’épine dorsale d’un film qui a un peu tendance à s’égarer dans des péripéties pas franchement passionnantes, qui tiennent un peu du roman de gare. L’intrigue romantique avec Ursula Andress est assez maladroite, en grande partie à cause du talent d’acteur très limité de George Peppard, dans le rôle principal. Elle ne semble être là que pour justifier une ou deux scènes de cul un peu plus dénudées que la moyenne, du moins dans une production de ce genre.
On appréciera (ou pas, c’est selon) les transparences très vintage et plutôt moisies des séquences de vol, qui sont le seul élément qui a très mal vieilli. Le film, assez inhabituellement pour une production Fox, a été tourné en Europe (en Irlande, plus précisément), ce qui explique peut-être que les effets ne soient pas aussi soignés que dans d’autres œuvres du même genre et de la même époque. Enfin, il faut mentionner la splendide musique de Jerry Goldsmith qui, bien que massacrée par les producteurs, s’impose comme un élément primordial de la réussite du film et communique aux scènes aériennes une grâce particulièrement bienvenue.
Film de guerre mii-figue mi-raisin et inhabituel, The Blue Max surprend souvent, étonne parfois mais enthousiasme rarement. La faute à des personnages trop arides et à des têtes d’affiche pas franchement convaincantes (même l’immense James Mason est terne, c’est dire !). Ceci dit, il possède suffisamment d’atouts et de savoir-faire pour assurer le spectacle, à défaut de lui conférer un statut de classique.
La Musique
Si The Blue Max demeure l’une des partitions les plus réussies de Jerry Goldsmith, ce n’est certainement pas grâce à sa présentation dans le film. Bien au contraire, les producteurs, après avoir mis le compositeur au défi en utilisant comme maquettes provisoires des morceaux de Strauss ou de Wagner, mettront au rebut la plupart des morceaux qu’il composera. Malgré ce charcutage, la partition parvient tout de même à s’imposer, avec un thème d’une grande noblesse, qui renforce, avec quelques effets musicaux, l’élégance et la majesté des séquences aériennes. Ailleurs, la composition retrouve des accents guerriers, nottament lors d’un superbe morceau de bravoure de plus de 7 minutes, “Retreat”, dont seulement quelques portions seront utilisées dans le film.
Heureusement, si le film s’est chargé de torpiller consciencieusement la partition, son édition discographique a largement rectifié le tir, puisqu’avec ses 5 ou 6 pressages différents, The Blue Max est un des albums les plus réédités de Jerry Goldsmith. On privilégiera bien évidemment la toute dernière édition, parue sur le label LaLaLand (LLCD 1296), un double CD qu’on peut qualifier de définitif : sur un CD, la partition telle qu’elle aurait dû figurer dans le film (reconstruite d’après les notes du compositeur), sur l’autre, la présentation de l’album vinyl d’époque (remasterisé, bien entendu), avec en bonus des prises alternatives. Une édition exhaustive et magnifique qui, bien que limitée à 2000 exemplaires, peut toujours se trouver sur le site de l'éditeur.
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