(Matchstick Men)
Film de Ridley Scott (2005), avec Nicholas Cage, Sam Rockwell, Alison Lohman, Bruce Mc Gill, Bruce Altman, etc…
Ça, ça fait partie des projets qui encouragent la sympathie: lorsqu'un réalisateur important signe un petit film après toute une ribambelle de grosses productions. Surprise : ces Associés s'avèrent fichtrement plus frais et régalants que les derniers exploits de son réalisateur.
On ne sait pas toujours très bien sur quel pied danser avec Ridley Scott. Après avoir réinventé la science-fiction avec Alien et Blade Runner, il a ensuite œuvré avec plus ou moins de bonheur dans tous les genres possibles et imaginables, et renoué avec le succès public le temps d'un Gladiator. La filmographie de Scott, c'est un peu en dents de scie. Pour une réussite comme La Chute du Faucon Noir, combien de ratages comme A Armes Égales ou Hannibal, la suite ratée du Silence des Agneaux.
Donc le voir œuvrer pour une comédie, a priori un genre pour lequel il n'était pas vraiment fait, on s'inquiétait un peu. Et on avait tort, car en définitive ces Associés se révèlent une très bonne surprise, avec une intrigue bien menée, des personnages attachants et un casting épatant, bref que demande le peuple ? Ca commence donc avec un Nicolas Cage, pourri de TOC en tous genres, qui gère des arnaques aux petits oignons avec son associé Sam Rockwell. Va débarquer dans sa vie sa fille (Alison Lohman) qu'il n'a jamais connue, et dont il va devoir s'occuper entre des préparatifs pour une escroquerie de grande envergure.
Toute la force de ces Associés, c'est que le film ne se prend pas une seconde au sérieux. En apparence seulement car on sent bien que derrière cette apparente décontraction, il y a quand même à la clé un sacré boulot de mise en place et un talent d’horloger dans l’enchainement des péripéties. En ce sens, le choix de Ridley Scott est très judicieux, car il apporte au film l’élégance et l’efficacité de son style, tout en s’effaçant derrière son sujet. Le mélange se fait tout naturellement entre comédie et polar, sur une sorte de valse-hésitation qui est en tout cas très séduisante, même si elle a pourtant pas mal déstabilisé le public américain lors des projections-test.
C’est donc une assez brillante rupture dans la carrière assez balisée de Ridley Scott, où tout le monde semble s’être mis au diapason pour faire dans la différence. Nicholas Cage est à la fois drôle et touchant dans un rôle pourtant à la limite de la caricature, et même le compositeur Hans Zimmer a laissé tomber son style tonitruant pour une musique qui évoque avec bonheur un certain esprit européen, entre Astor Piazzola et Nino Rota. Tout cela donne un film qui sort définitivement de l’ordinaire, une sorte de respiration qui vous séduit petit à petit pour mieux vous désarçonner ensuite. Extrêmement vivifiant.
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