dimanche 1 février 2015

Scanners

Film de David Cronenberg (1981), avec Stephen Lack, Michael Ironside, Jennifer O’Neill, Patrick Mc Goohan, Robert Silverman, etc…

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Contribution de David Cronenberg au genre psycho-fantastique qui a sévi à la fin des années 70, Scanners apparaît aujourd'hui comme fidèle aux obsessions de son auteur, mais aussi un peu largué en ce qui concerne la mise en scène. A l'époque, le réalisateur se cherchait et si ce film reste passionnant quant à ses concepts, on sent qu'un budget limité ne lui a pas permis de donner la pleine mesure de son histoire. En 1981, Cronenberg était encore catalogué comme un faiseur de films d'horreur un peu plus dégueu que la moyenne. C'est justement le succès de Scanners qui permettra à sa carrière de prendre son envol.

 

vlcsnap-2015-01-27-22h41m10s255Le film en lui-même souffre d'un rythme un peu chaotique, qui se relâche à plus d'une reprise, et qui n'arrive hélas jamais à installer de véritable sentiment d'urgence. Le début est étrange à souhait, et Cronenberg sait prendre le spectateur par surprise lors d'une séquence saisissante qui établit clairement le pouvoir de son bad guy. On y retrouve clairement le côté excessif du réalisateur et son goût pour le gore qui tache. Et c'est une sacrément bonne idée parce que cela imprègne tout le début du film d'un sentiment de menace et d'imprévisibilité.


 

 

 

 

vlcsnap-2015-01-27-22h49m46s40Le seul hic, c'est qu'entre temps, la narration se délite, et le film semble clairement victime d'un manque de moyens flagrant, qui semble sérieusement limiter le côté spectaculaire des quelques manifestations psychiques des scanners. Scanners n'est pas non plus très aidé par son interprète principal, Stephen Lack, qui est aussi expressif qu'un plat de cannellonis. Si son côté un peu lunaire sert effectivement le personnage, son jeu est quelconque et sa stature d'acteur nettement insuffisante pour porter le film.


 

 

 

 

 

vlcsnap-2015-01-27-22h43m22s30Fort heureusement, ce choix de casting maladroit est contrebalancé par l'excellente performance de Michael Ironside. Cet acteur s'est depuis spécialisé dans les rôles de salauds de tout poil, et sa prestation dans Scanners est vraiment impressionnante, reposant pour beaucoup sur son extraordinaire présence physique. Le reste de la distribution est couci-couça. On n'avait pas beaucoup vu Jennifer O'Neill depuis Un Eté 42, et on ne peut pas dire qu'elle fasse des étincelles ici. Idem pour Patrick Mc Goohan, on a l'impression que les acteurs sont effacés tellement le rythme du film fléchit plus d'une fois.

 

 

 

 

vlcsnap-2015-01-27-22h54m46s221C'est dans sa conclusion que Scanners trouve tout son souffle, au cours d'un formidable duel au cours duquel les deux antagonistes se livrent à un affrontement sauvage, à grands coups de pouvoirs psychiques. Le film, avec ses effets de maquillage old school et outranciers s'inscrit alors pleinement dans la thématique du réalisateur, cette perte de contrôle de l'individu sur son propre corps. C'est énorme, très spectaculaire, et surtout très représentatif du cinéma de Cronenberg qui, à cette époque, bâtissait ses films sur ce genre de moments-choc no limit à l'horreur très organique.

 

 

 

 

Aujourd'hui, replacé dans l'œuvre du réalisateur, le film est loin de posséder l'éclat de ses grandes réussites. Assez curieusement, l’atout principal de Scanners, son scénario, est aussi sa grosse faiblesse. Très ambitieux mais insuffisamment développé, il est aussi un peu plombé par une réalisation qu’on sent handicapée par un budget modeste. Malgré quelques moments forts qui annoncent clairement ses inspirations futures, on est en droit de lui préférer le plus modeste The Brood, sorti juste avant. Mais peu importe, dans le fond, puisque le joli succès remporté par le film ouvrira définitivement de nouveaux horizons à la carrière de Cronenberg.


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Mal de Tête

C’est la séquence-clé du film, qui établit de manière assez radicale le pouvoir du “méchant” scanner, Revok. Elle repose sur l’effet de surprise, puisque le public ne sait pas vraiment à quoi s’attendre à ce stade du film. De plus, par son côté extrême, elle suffit à rendre angoissante toutes les manifestations futures du pouvoir des scanners. L’effet a été réalisé avec un moulage de la tête de l’acteur Louis Del Grande, rempli d’hémoglobine et de morceaux de latex, et sur lequel on a tiré à l’aide d’un fusil de chasse.

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Comme on pouvait s’y attendre, la séquence a valu au film des démêlés avec la censure américaine, la MPAA. Initialement placée au tout début du film, elle a été déplacée un plus loin dans le déroulement de l’intrigue. Les censeurs ont même demandé le retrait d’un plan jugé trop gore de la tête éclatée sur la table. C’est le maquilleur Chris Walas, à qui on devra plus tard les effets de Gremlins, qui a supervisé la réalisation de cet effet.



Le Duel Final

Au départ, le film devait se terminer sur une autre explosion de tête. Puis Cronenberg, se rendant compte que l’effet sera redondant avec celui du début, fera appel au maquilleur Dick Smith pour imaginer un final totalement différent. Smith est à l’époque une star dans son domaine, grâce à son extraordinaire travail sur L’Exorciste.


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Le réalisateur lui laisse donc carte blanche pour imaginer le duel entre les deux scanners. Ca tombe bien, Smith est en train d’expérimenter un effet spécial d’un genre nouveau. Il s’agit d’utiliser des tubes de plastique camouflés dans des appliques posées sur la peau de l’acteur, trucage qu’il a d’ailleurs testé avec un certain succès sur le Furie de Brian de Palma. C’est donc sur ce principe que seront conçues les déformations sur le visage et les veines des deux personnages, un effet que Smith réutilisera et peaufinera dans le film Au-Delà du Réel.


 

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Certaines portions de la séquence font appel à un mannequin modelé sur l’acteur Stephen Lack et Michael Ironside porte, à la fin de la séquence, des lentilles de contact opaques.

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