Film de David Leitch et Chad Stahelski (2014), avec Keanu Reeves, Michael Nyqvist, Alfie Allen, Ian Mc Shane, Willem Dafoe, etc…
Raconté littéralement, l'argument du film peut prêter à sourire, jugez plutôt : le héros, le fameux John Wick bute une armada de tueurs parce qu'ils ont volé sa voiture et buté son chien ! Sauf que, pour être plus précis, Wick n’est rien moins qu'un mercenaire surentrainé, une sorte de Rambo des liquidateurs, un Léon puissance mille, bref le genre de gars qu'il faut pas titiller, même quand on fait partie de la mafia russe.
C'est donc le point de départ d'un polar d'action blindé aux amphétamines et ma foi fichtrement régalant et drôle. Bien entendu, l'ensemble est légèrement manipulateur : la violence y est plus que gratuite et il est difficile de trouver pire que le meurtre d’un animal pour taquiner l’indignation du spectateur, surtout quand on a pris soin de choisir un chien qui soit bien choupi. Néanmoins le film parvient à rendre crédible ce personnage de tueur rangé des voitures, qui ne parvient pas à se recréer une nouvelle vie.
En quelques séquences, le film écrit une autre histoire : celle d’un homme qui tente d’oublier un passé fait de tueries. Cette renaissance est montrée par petites touches, sans s’attarder sur une histoire que la mort vient briser. Le film évite ainsi très adroitement tout côté cucul, malgré la symbolique qui est attachée à la présence du toutou. Il fallait au moins ça pour que les motivations du héros soient un tantinet crédibles et qu’on puisse accepter le postulat de départ. L’affaire est rondement menée dans une intro qui ne s’attarde pas sur les détails et laisse soigneusement planer le doute sur les activités du personnage.
Passé ce cap, une fois que la machine est lancée, John Wick devient un véritable opéra de la violence, une sorte de bolide lancé à pleine vitesse. Les combats y sont d’authentiques chorégraphies à part entière, dans lesquels la notion de vraisemblance s’efface derrière une indiscutable élégance des cascades et des mouvements. Il suffit d’établir que le héros est une pointure dans son domaine pour justifier les excès les plus énormes. John Wick, c’est Terminator chez les affranchis. La comparaison avec Schwarzy n’est d’ailleurs pas gratuite, puisqu’on pense souvent au Commando de Mark Lester, qui faisait aussi très fort dans le genre “jeu de massacre”.
En même temps, John Wick récupère le côté excessif des séquences d’action de Matrix, à ceci près qu’on ne s’y embarrasse même plus de logique. Le second degré et l’humour font le reste. Michael Nyqvist, après son numéro de méchant dans le dernier Mission Impossible, campe ici un excellent boss de la mafia russe, même s’il faut espérer qu’il ne sera pas catalogué dans ce style de rôles. On est aussi bien content de retrouver quelques tronches comme John Leguizamo ou David Patrick Kelly au détour d’une séquence.
Réalisé par deux anciens cascadeurs, le film sait parfaitement mettre en valeur les différentes séquences d’action, tant au niveau de leur mise en place qu’à celui de leur réalisation. Il ne s’interdit pas pour autant certaines jolies compositions visuelles et un traitement original de la couleur, alternant les dominantes bleutées du début avec l’approche surchargée des séquences dans la discothèque. L’utilisation des sous-titres est également très bienvenue. Avec ses nombreux dialogues en russe, ils sont transformés en éléments graphiques qui s’intègrent parfaitement à l’action.
Résolument série B dans son inspiration, John Wick ne s’embarrasse pas franchement de subtilités et fonce dans le tas. C’est à la fois sa force et sa faiblesse. Parce qu’après plus d’une heure et demie de gunfights frénétiques et virevoltants, le film montre clairement ses limites et sait s’arrêter juste quand il le faut. On ignore si cette petite surprise fera beaucoup pour la carrière fléchissante de Keanu Reeves. Mais en tout cas, tel quel, c’est un thriller shooté aux amphétamines, qui se regarde avec un sourire jusqu’aux oreilles.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire