jeudi 20 février 2014

L’Ultimatum des Trois Mercenaires

(Twilight’s Last Gleaming)

Film de Robert Aldrich (1977), avec Burt Lancaster, Richard Widmark, Charles Durning, Melwyn Douglas, Paul Winfield, etc…

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Ça parle de quoi en deux mots : un ancien militaire menace de lancer des missiles nucléaires si la Maison Blanche n’exécute pas ses ordres.

Oubliez le titre français débile, ou du moins un des titres français, puisque le film en question a connu dans notre beau pays une carrière plutôt cahotique, qui d’ailleurs même avec le recul s’explique difficilement. Jugez plutôt: pour sa sortie française, Twlight’s Last Gleaming voit sa durée amputée de près de 50 minutes. Le motif donné à l’époque, c’était (sic!) “un contenu antimilitariste gênant” ! On lui colle donc un titre à la con, ou même mieux, on l’exploite même sous plusieurs titres différents (Piège pour un Président), et en voiture Simone ! Le film étant une petite production indépendante, récupéré par un distributeur français plutôt spécialisé dans les nanars, il n’a pas fait, on s’en doute, une grande carrière sur les écrans.

 

vlcsnap-2014-02-19-21h55m27s194Difficile même aujourd’hui de savoir quels ont été les motifs réels qui ont permis un tel tronçonnage. Il est surprenant de constater que, même à l’époque de la sortie, en 1977, pratiquement personne ne s’en était ému, puisque son réalisateur, Robert Aldrich, n’avait plus réellement la côte et que de toute façon le film n’était pas soutenu par un grand studio, alors … Twlight’s Last Gleaming a été étiqueté comme une anonyme série B et foutue dans un tiroir. Au Strapontin, on a vu la version courte de 91 minutes sortie en salles, et le résultat tenait du massacre pur et simple : des pans entiers de l’intrigue sabrés au nom du politiquement correct, qui rendaient du coup la compréhension de l’intrigue quasiment impossible.

 

 

vlcsnap-2014-02-19-22h08m38s193C’est donc une sacrée découverte que de pouvoir enfin visionner le film dans sa version intégrale, même si, pour être tout à fait honnête, il reste critiquable sur bien des aspects. Robert Aldrich, qui a tout de même signé des films comme En Quatrième Vitesse ou Les Douze Salopards, a fait bien mieux par le passé. Twlight’s Last Gleaming est très marqué seventies, avec des énormités au détour de chaque séquence, des dialogues pas toujours très inspirés et un côté un peu ringard dans son approche. C’est du cinéma plan-plan, mais bon, le réalisateur n’a jamais réellement été adepte de la subtilité, c’est plutôt le genre à foncer dans le tas.

 

 

vlcsnap-2014-02-19-22h18m45s97Du coup, l’aspect politique de l’intrigue, qui joue sur la révélation d’un mémo lié à la guerre du Vietnam, semble manié dans le but de provoquer une émotion facile, un peu à la Oliver Stone. Ça donne des allures de brulot politique à un film qui, sans cela, serait plutôt classique dans sa facture. Néanmoins, Aldrich a tout de même l’honnêteté d’aller jusqu’au bout de son idée, et même si le dénouement apparait comme assez prévisible, la fin se distingue par un ton très particulier et désenchanté, tout à fait dans la lignée d’un certain cinéma conspirationniste tel qu’il se pratiquait justement dans la seconde moitié des années 70.

 

 

vlcsnap-2014-02-19-22h09m31s186Là où Twlight’s Last Gleaming se distingue, par contre, c’est par l’habileté de sa réalisation. Le split-screen, dont nous avons récemment parlé, trouve ici sa pleine justification, étoffant de belle manière des séquences d’action parfaitement mises en place et exécutées. La démultiplication des points de vue se fait jusqu’au vertige, mettant en abyme personnages et situations dans des mosaïques foisonnantes. C’est indéniablement l’un des points forts du film, qui booste intelligemment l’intrigue le temps de quelques séquences.

 

 

 

Traversé de temps à autre par quelques beaux éclairs de génie et soutenu par un excellent casting (en particulier Charles Durning dans le rôle du Président), Twlight’s Last Gleaming n’est ni un réel chef d’œuvre, ni un film maudit. C’est maladroit, souvent pataud et parfois assez grossier, mais il s’en dégage cependant un sentiment d’urgence qui valait la peine que ce film charcuté puisse enfin être visionné dans sa version intégrale.

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Le Blu-Ray

tlgUne fois de plus, Carlotta nous gratifie d’une belle édition pour réhabiliter un film relativement méconnu du grand public. C’est, comme toujours chez l’éditeur, du travail très soigné.

Le transfert image est particulièrement impressionnant par sa définition et son piqué. C’est le résultat d’une restauration entreprise par le studio allemand Bavaria, et c’est réellement superbe. Côté son, une seule piste VO en mono, car du fait de son remontage, la version intégrale n’a jamais été complètement doublée en VF.

En complément, un documentaire de plus d’une heure sur le film, Aldrich over Munich : The Making of Twilight’s Last Gleaming, qui raconte sa production mouvementée et l’accueil mitigé qu’il a reçu, avec des interventions de la fille de Robert Aldrich, mais aussi de plusieurs membres de l’équipe allemande.

Enfin, vu qu’on a souvent affaire à des packagings hideux ou qui craignent un peu, c’est un vrai plaisir de signaler que la pochette est d’un design très agréable et tout à fait raccord avec l’esprit du film.

 

 

 

La Musique

Twilights_last_gleaming_Silva_FILMCD_111D’habitude, Robert Aldrich faisait toujours appel au même musicien, Frank De Vol, et le résultat était… on va dire sans réelle surprise et parfois même un peu lourd. Pour Twlight’s Last Gleaming, ce dernier étant souffrant, on fait appel dans l’urgence à Jerry Goldsmith qui livre sa partition en un temps record. Œuvre mineure du compositeur, elle appartient pourtant à la période dorée de sa carrière, lors de laquelle il alignait peinardement 4 ou 5 partitions exceptionnelles par an.

Très martiale, la musique rappelle bien souvent celle de Patton ou même du premier Rambo par l’utilisation des cuivres, mais elle est surtout très proche de Capricorn One, qu’il signera la même année, et qui reste une de ses musiques d’action les plus réussies. Le suspense est intensifié par une écriture très rythmée, qui mélange cuivres, cordes et piano.

Vu l’insuccès du film, l’album de la BO ne sera pas édité lors de la sortie en salles et pendant bien longtemps, on suppose les bandes des sessions d’enregistrement perdues. Quelques années plus tard, elles seront retrouvées grâce au fils du compositeur et un CD paraitra dans la foulée. A découvrir, malgré une qualité sonore pas toujours au top qui ne rend pas vraiment justice à la richesse de la partition.

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