lundi 20 janvier 2014

Le Chat


Film de Pierre Granier-Deferre (1971), avec Jean Gabin, Simone Signoret, Annie Cordy, Jacques Rispal, Nicole Dessailly, etc...























Les films d’acteurs, c’est un peu particulier. C’est un genre dans lequel on se glisse un peu comme on enfile une paire de charentaises : on sait d’avance qu’on va avoir droit à du lourd niveau performances. Lorsque Le Chat est sorti, en 1971, le Strapontin, alors dans ses jeunes années, n’y avait pas beaucoup prêté attention. Il faut dire que Pierre Granier-Deferre n’était pas réputé pour être un réalisateur particulièrement innovant, plutôt le genre pépère.


Aussi, à revoir ce film aujourd’hui, on est surpris de voir avec quelle habileté la mise en scène nous implique dans cette histoire. Au fil de séquences presque totalement muettes, nous entrons dans le quotidien sombre – limite glauque – d’un couple en pleine destruction. Ils ne s’aiment plus, ou du moins ils s’aiment encore mais ne savent plus comment se le dire. Un chat va devenir le cristalliseur de cette absence d’amour, de cette insuffisance de dialogue. Ils se déchirent, au beau milieu d’un quartier défiguré par les bulldozers et les pelleteuses, symbole d’un passé qui se désagrège petit à petit et d’un futur dans lequel le couple n’a plus sa place.







Gabin et Signoret, inutile de le dire, sont réellement extraordinaires. On reste bluffé par le moindre sentiment qu’ils arrivent  à véhiculer au détour d’une simple expression, ou par la façon dont ils s’approprient un texte pourtant simple auquel ils donnent une présence incroyable. La mise en scène de Granier-Deferre reste sagement dans ses marques, s’efface derrière ces deux monstres sacrés, au son d’une émouvante musique de Philippe Sarde qui charrie tout la tristesse du monde. Peut-être pas un grand film, donc mais l’impressionnant face-à-face de deux acteurs au sommet de leur art, ce qui n’est déjà pas si mal.

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