Film de Pierre Granier-Deferre (1971), avec Jean Gabin, Simone Signoret, Annie Cordy, Jacques Rispal, Nicole Dessailly, etc...
Les films d’acteurs, c’est un peu
particulier. C’est un genre dans lequel on se glisse un peu comme on enfile une
paire de charentaises : on sait d’avance qu’on va avoir droit à du lourd
niveau performances. Lorsque Le Chat est sorti,
en 1971, le Strapontin, alors dans ses jeunes années, n’y avait pas beaucoup
prêté attention. Il faut dire que Pierre Granier-Deferre n’était pas réputé pour
être un réalisateur particulièrement innovant, plutôt le genre pépère.
Aussi, à revoir ce film aujourd’hui,
on est surpris de voir avec quelle habileté la mise en scène nous implique dans
cette histoire. Au fil de séquences presque totalement muettes, nous entrons
dans le quotidien sombre – limite glauque – d’un couple en pleine destruction. Ils
ne s’aiment plus, ou du moins ils s’aiment encore mais ne savent plus comment
se le dire. Un chat va devenir le cristalliseur de cette absence d’amour, de
cette insuffisance de dialogue. Ils se déchirent, au beau milieu d’un quartier
défiguré par les bulldozers et les pelleteuses, symbole d’un passé qui se désagrège
petit à petit et d’un futur dans lequel le couple n’a plus sa place.
Gabin et Signoret, inutile de le
dire, sont réellement extraordinaires. On reste bluffé par le moindre sentiment
qu’ils arrivent à véhiculer au détour d’une
simple expression, ou par la façon dont ils s’approprient un texte pourtant
simple auquel ils donnent une présence incroyable. La mise en scène de
Granier-Deferre reste sagement dans ses marques, s’efface derrière ces deux
monstres sacrés, au son d’une émouvante musique de Philippe Sarde qui charrie
tout la tristesse du monde. Peut-être pas un grand film, donc mais l’impressionnant
face-à-face de deux acteurs au sommet de leur art, ce qui n’est déjà pas si mal.
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